L’amie prodigieuse IV d’Elena Ferrante
Avec « L’enfant perdue », Elena Ferrante signe la fin de sa saga napolitaine « L’amie prodigieuse ». Elle croque le destin de deux femmes volontaires désireuses de défendre leur liberté contre le système et leur éducation. Le tome 4 lève enfin le voile sur la disparition de Lila, évoquée dès les premières pages du tome 1. Sans révéler bien sûr la fin de cette amitié Made in Italy, je vous dis pourquoi j’ai adoré le livre.
L’enfant perdue d’Elena Ferrante
Une Italie en pleine tourment
Plus noir que les 3 précédents, le dernier tome de « L’amie prodigieuse »nous immerge dans une Italie tourmentée par la violence des années de plomb et les difficultés politiques et sociales des années 70-80.
La toile de fond du roman transcrit très bien cette période troublée et m’a rappelé cette actualité souvent sanglante au pays de la Dolce Vita.
Ces tristement fameuses années sombres (attentats, kidnapping, Brigades Rouges) ont dû profondément marquer l’auteur. Sa transcription de cette période troublée de l’histoire de l’Italie n’est pas sans évoquer la chanson de Lucio Battisti « Caro amici ti scrivi » très connu en Italie et typique du ressenti des Italiens pendant cette période. Les temps sont difficiles mais chaque année, l’espoir d’un avenir meilleur et pacifié est toujours présent malgré la corruption et le système mafieux présents à tous les niveaux.
Les lois fonctionnent pour ceux qui les craignent et pas pour ceux qui les violent.
Des personnages à l’heure des bilans
Les personnages que l’on a connus enfants se retrouvent à l’âge de la maturité et de la vieillesse.
Les chemins des uns et des autres se recroisent avec l’installation de Lena à Naples au-dessus de l’appartement de son amie d’enfance, Lila. Lena, séparée de son mari, Pietro, qui finira par s’installer professionnellement à Boston, a refondé un foyer avec Nino Sarratore, son amoureux de jeunesse. Une fille, Imma, va naître de cette union.
Dans le même temps, Lila donne naissance à Tina au destin tragiquement mystérieux.
Rattrapée par la réalité annoncée par ses amies du quartier, Lena va se retrouver seule avec ses deux filles (Dede et Elsa) tandis que Nino va poursuivre sa quête idéologique jusqu’à la députation.
Une histoire d’amitié qui finit mal
Le dialogue rompu entre les deux amies s’établit à nouveau sur une base plus équilibrée. Dans ce tome également, Elena, l’écrivain, se réinstalle à Naples dans le même immeuble que son amie d’enfance, Lila.
C’est l’occasion pour Elena Ferrante de nous entraîner dans sa ville de Naples, des ruelles des quartiers populaires au distingué Vomero, plus riche, en passant par les hauteurs maritimes de Posillipo et le chic Chiaia.
Mais les rapports de force ont changé. L’émancipation professionnelle de Lila grâce son business dans l’informatique l’impose comme un rouage incontournable du quartier. La domination des frères Solara, camoristes locaux, s’éteint en deux coups de feu. L’Italie malgré et contre tout poursuit sa mutation.
« Je me sentis forte, non plus victime de mes origines mais capable de les dominer, de leur donner forme et d’obtenir une rédemption pour moi, pour Lila et pour tout un chacun.»
Dans les dernières pages, la boucle est bouclée avec la réception d’un colis mystérieux qui en dit long à la fois sur la mal de vivre et la force de caractère de Lila disparue. Je vous laisse découvrir de quoi il s’agit …
Un abbraccio